Aurore DOS SANTOS

Aurore DOS SANTOS


Notre entretien avec Aurore Dos Santos, boxeuse professionnelle originaire de Forbach. Aurore a commencé la boxe assez tard, mais cela ne l'a pas empêchée d'exceller et de briller jusqu'à l'international. Membre de l'équipe de France et championne du monde en pieds poings, Aurore s'est lancé un nouveau défi en passant de la boxe thaïlandaise à la boxe anglaise. Nous avons parlé avec elle de sa manière de se préparer avant les combats, de ce qu'elle ressent quand elle est sur le ring ou encore de la place des femmes dans les sports de combat. 

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Tu as commencé par la boxe thaïlandaise avant de passer à la boxe anglaise.

A quoi est du ce changement ?


Ben moi, c'était à la base l'envie de m'améliorer, de vraiment faire la différence au niveau de mon anglaise et finalement, j'y ai pris énormément goût. Mais c'est vrai que c'était difficile au début parce que c'est totalement différent. On n'a pas du tout la même position au niveau des appuis, des déplacements. En boxe thaïlandaise et en boxe anglaise, c'est totalement différent. Même la garde, tout est différent. Donc je repartais à zéro même au niveau du pied/poings. Ça m'a vraiment fait progresser.


Comment tu te sens les jours de combat ?


Alors toute la journée, je suis vraiment très calme. Je suis même fatigué, comme si rien n’allait se passer. Le stress commence seulement à monter au moment où on va commencer à me faire les bandages parce qu'on a des bandages spéciaux. Et puis les odeurs. Je suis assez sensible aux odeurs. Et c'est vrai qu’en boxe thaïlandaise, on utilise cette huile thaïlandaise qui a une odeur spéciale. Et quand je sent cette odeur, j'ai tout de suite l'adrénaline qui commence à monter et ensuite c'est au moment de m’échauffer, le stress monte et j’ai une pression énorme. Et à chaque fois je me dis, « ça va aller avec l’expérience, la prochaine fois, t'auras moins ce stress ». Maus pas du tout ! J'ai bientôt 50 combats. A chaque fois, c'est la même chose. À chaque fois j'ai le même stress. Mais c'est vraiment un stress, parce que j'ai envie de bien faire. En fait, j'ai envie déjà de montrer à mon entraîneur qui est mon mari, à mon entraîneur de boxe anglaise (Joseph CALLERAM), et puis à ces personnes qui se sont entraînées avec moi, qui m'ont donné de leur temps, de leur énergie aux personnes qui me soutiennent. J’ai envie de leur, de leur montrer. Voilà votre soutien, ce n’était pas pour rien. Je vais vous montrer quelque chose de beau. J'ai envie de leur apporter la victoire parce que c'est une victoire collective en fait. 


 "Je n'ai jamais vu une combattante, pleurer ou montrer qu'elle avait mal"


On a des choses qui vont peut être nous faire mal, tout comme un homme, mais on va dire que, par exemple, un homme à l'entraînement, il va pouvoir montrer qu'il a mal, il va pouvoir pleurer, Une femme non, elle se l’interdit. Je n'ai jamais vu une combattante, pleurer ou montrer qu'elle avait mal à un entraînement. Jamais. Et je pense que c'est cet ego de se dire « Si je le montre, ils vont dire Ah bah c'est une fille, c'est normal, elle pleure ». Donc oui, je pense qu'il faut, il faut rester dedans. C’est ce que j'essaye déjà moi de faire, de promouvoir la femme en tant que sportive et combattante. Mais je pense que c'est tout ensemble qu'on va y arriver. 


Est ce que toi t'as plus tard, tu as envie d'être dans un rôle de transmission? 


Totalement ! Surtout maintenant que je fais partie de l'équipe de France. Donc on combat à l'international pour les championnats du monde, pour les Jeux Européens et moi, ce serait vraiment un objectif. J'ai envie de pouvoir former les équipes, de pouvoir les accompagner à l'international. C'est vraiment quelque chose qui me qui me tient à cœur. 


Est ce que tu ressens plus de pression quand tes proches viennent te voir en combat ?


C’est plutôt l’inverse. Quand ils étaient présents, c’est là où j'ai fait mes plus beaux combats.

Mais après c'est sûr que quand j'ai combattu au Japon, en Slovaquie, ils n'étaient pas là. Mais je savais qu'ils étaient là, dans ma pensée, dans mon cœur. En fait, ils sont toujours avec moi. Mais c'est vrai que quand ils sont là, bizarrement, je les cherche du regard. Surtout quand ma mère et ma sœur sont là. C'est vrai que j'ai ce réflexe quand même de chercher dans le public ce regard qui va me donner ce dernier coup d'énergie et de courage. 


Au moment où était passé professionnelle, est ce que tu as du changer des choses dans ton quotidien ?


On va dire que j'ai toujours été assez discipliné dans la vie en général. Même dans mes études, c'était à 100 % ou rien ! Je déteste faire quelque chose à moitié. Donc dès que j'ai commencé ce sport, en plus je l'ai commencé tard, je me suis dit « on y va à 100 % et à fond ». Et en fait, je n’ai rien négligé. Dès le début, je détestais la course à pied, mais je savais que ça allait m'apporter dans ma pratique. Donc j'ai commencé la course à pied. En fait, je n’ai rien négligé quand je suis passée en professionnel. En fait, c'est mon beau père qui m'a fait comprendre en me disant « tu vas passer maintenant en professionnel, je vais te montrer la différence au niveau de l'entraînement et au niveau de l'impact qu'il va y avoir ». Il a voulu me montrer que ça allait être beaucoup plus dur, que ça allait cogner beaucoup plus fort et c'est vrai, mais c'était bien. C'est bien qu'il ait fait ça parce qu'il m'a montré à quoi je devais me préparer. Donc en fait, j'ai continué comme avant, mais en beaucoup plus dur, beaucoup plus sérieusement, beaucoup plus intensivement. Au niveau de l'hygiène alimentaire, on va dire que je ne me suis jamais restreinte. J'ai toujours mangé de tout. Je n'ai jamais dû faire de régime particulier. C’est certain que les semaines de combat, je vais manger un peu plus sainement parce que sinon ça ne va pas être correct. Mais j'ai toujours eu plus ou moins une bonne hygiène de vie. 


Tu as eu l'occasion de voyager pour faire des stages à l'étranger, notamment en Asie ou en Hollande. C’était nécessaire pour te perfectionner dans la pratique de la boxe thaïlandaise ?


Totalement. En fait, c’est là qu'on va voir si un combattant a vraiment ça en lui ou pas. C’est quand il va aller dans un camp en Thaïlande, un vrai camp , parce que malheureusement, maintenant il y a beaucoup de camps touristiques on va dire. Mais les vrais camps d'entraînement pour combattants, c'est tellement dur. C'est tellement dur que je me dis c'est là qu'on va voir si le combattant va accrocher ou pas. Parce que c'est vrai, on n'a pas le confort qu'on a au quotidien et c’est une leçon de vie qui est incroyable. Et moi, je veux y retourner à tout prix parce que déjà la culture thaïlandaise et asiatique m’ont toujours intéressés avant même de commencer ce sport. Quand j’ai découvert la culture asiatique, j’en suis tombée amoureuse. J'y étais dernièrement pour les championnats du monde et je me suis dit , mais je me sens tellement bien là bas, c'est incroyable. Donc à tout prix, je vais y retourner. 


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