NARBO

NARBO


Notre entretien avec NARBO un jeune rappeur, saxophoniste, compositeur et beatmaker. Influencé par le jazz et le rap depuis sa tendre enfance. Membre du collectif "Roue Libre", Narbo nous parle notamment de son premier projet

"Jean Georges Lucas"  

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Est ce que tu peux te présenter ?


Je m’appelle Narbo, je suis rappeur, saxophoniste, compositeur et beatmaker. Ça fait quelques années que j’arpente la région Grand Est avec mon saxo avec pas mal de projets dans différents styles musicaux, que ce soit avec le jazz, le hip hop et même ailleurs. Donc voilà, j'ai arpenté pas mal la scène. Avec le saxo, des fois sur certains groupes, un peu aussi en boîte vocale. Mais je me suis présenté avec mon univers personnel et musical, avec ce projet là justement. C'est sur ce projet que j'envoie pour la première fois mon rap, ma composition et ma propre musique. En fait, voilà. Après, j'ai quand même une bonne expérience de toutes ces années. On n'a pas mal aussi joué avec mon autre groupe de fusion qui s'appelle « Extension ». On n'a pas mal tourné, mais là, c'est que des rôles où j'étais essentiellement au saxo et à côté, dans l'ombre, je préparais un peu tous tout cet aspect rap. C’est sorti avec « Jean-Georges Lucas » au sein du collectif Roue Libre, qui est du coup un collectif groupe composé de moi même, Snuff et Crack Tempo. Et du coup, c'est avec eux que l'on sort notre musique personnelle et commune. Mais aussi c'est avec eux qu'on défend notre musique en live. Donc voilà. Que ce soit la mienne avec ce projet ou la leur qui ne vont pas tarder.

« Quand on est sur scène, 50 personnes, une personne. On va toujours jouer pareil et on va toujours envoyer la patate  ! »


On a eu l’occasion de te voir à la BAM lors de l’évènement « Ça bouge à Borny » ou tu a pu te produire sur scène avec le collectif "Roue Libre"


Oui d’ailleurs je remercie Maamar (Responsable de l’accompagnement à la BAM) qui met bien tous les artistes de la région. Il fait un gros taf et je tenais à le remercier pour cette occasion, mais pour plein d'autres choses. Et puis c'était un concert grave cool. On s'est bien amusé, c'était une bonne scène, donc ça fait plaisir toujours de jouer sur ce genre de scène. Bon, c'était un petit concert avec un public qui n'était pas forcément là pour nous. C'est des concerts qui sont pour des journées un peu « fête de quartier ». Donc il y a des familles, il y a des enfants et la musique qu’on fait n’est pas forcément ultra raccord et malgré tout, réussir à avoir un engouement, aller les choper c’est satisfaisant. Un public qui n'est pas forcément là pour toi, c'est toujours un petit défi qui n'est pas facile à relever, mais ça fait plaisir. Notre ligne de conduite c’est, « quand on est sur scène, 50 personnes, une personne. On va toujours jouer pareil et on va toujours envoyer la patate ». Et et je dis ça sans rigoler parce j’ai déjà pu faire des très gros scènes devant pas mal de monde et tout, mais j'ai déjà joué aussi devant une personne. 

 

Comment est ce que la musique, elle est arrivée dans ton parcours de vie ? 


Je suis issu d'une famille de musiciens. Donc très rapidement, j'ai commencé à vite baigné dans la musique. Mes parents m'emmenaient aux concerts, à des grands orchestres. Mon père est aussi pas mal jazz et il est avec moi dans le groupe Extension. Donc il y aussi l'apport du jazz, j'ai vite baigné dans tous ces trucs là. Et puis du coup, j'ai intégré le conservatoire au piano assez tôt. Ensuite, j'ai flashé sur le saxophone. J'ai commencé à la mi-collège, le saxophone. Et puis, en même temps que j'ai commencé la musique, j'ai surtout commencé le skate. Et les deux pour moi sont autant importants l’un que l’autre en fait. Et les deux ont révolutionné ma vie, le sax comme comme le skate. Le skate, ça m'a ouvert a plein de cultures auxquelles que je n'avais pas forcément accès. Et mes parents qui m'ont amené à certains trucs à côté. Le skate, ça me faisait aller voir d'autres choses et c'est comme ça que je me suis forgé un peu mon propre truc. C'est à partir de là que j'ai commencé à vouloir proposer mes propres trucs. Et puis, vers la fin du lycée, j'ai écris les premiers textes. Très rapidement, j'ai compris que la composition, ça pouvait me plaire aussi et que de toute façon, il n'y avait pas de beatmakers dans mon entourage. Il fallait que je me débrouille. Donc je me suis aussi lancé là dedans vers la fin du lycée. 


On retrouve l’univers du skate dans ton projet et notamment dans les visuels 


Dédicace à Nathan Gillet, un jeune réalisateur de Metz. Comme nous, il est indépendant. On est tous des jeunes artistes et c'est avec lui qu'on a bossé sur le clip « Dimension » et tout l'aspect visuel derrière, c'est à dire les projections et les teasers . Donc grosse force à lui parce que franchement, on a fait un truc de dingue ensemble. C'est cool qu'on ait réussi à avoir un truc global comme ça et aussi un big up ESCRO, un graphiste de la région avec qui on a fait la pochette du projet. 




Vous avez travaillé l’identité visuelle, les clips, la pochette et même un format physique. Il y a une vraie démarche professionnelle ?


On voulait arriver à quelque chose d'assez fort, une proposition artistique forte, quelque chose d'un peu plus global pour marquer les esprits, pour montrer tout de suite qu'on est dans quelque chose d'assez sérieux. Non pas qu'on se prenne au sérieux, mais plutôt dans le sens « on taf pour l'avenir, on veut vraiment construire une carrière musicale ». Ce n'est pas juste un petit truc comme ça, une rigolade sur le coup d'un soir. Là, c'est vraiment un travail de longue haleine. Moi, j'ai été de A à Z sur tous les aspects du projet C’est un produit qu'on a fait avec peu de moyens. Mais par contre, on sait qu'on a bossé comme des fous et on voulait arriver à quelque chose de fort. Après, pour ce qui est de la suite, on a quand même pas mal d'idées avec le collectif Roue Libre. Moi personnellement aussi, il y a des belles choses qui vont arriver. Mais en tout cas cette ligne de conduite, un peu de travail, quitte à prendre le temps de faire les choses. C'est un projet qu'on a mis vraiment un moment à faire avec les gars de Roue Libre. Mais quitte à prendre le temps de faire les choses, on envoie quelque chose qui nous plaît avant tout et qui tape à l'œil du public, même s'ils ne vont pas forcément écouter. Au moins, ils voient qu'il y a quelque chose, un travail qui a été fait. « Ça, c'est vraiment un job. Il a bien bossé dessus ». Et puis c'est aussi un peu pour se dire que voilà, on va regarder le projet dans cinq ans, on sera toujours aussi contents, alors on espère qu'on verra les évolutions et qu'on sera devenus meilleurs. Mais par contre, on pourra regarder quand même avec une certaine fierté de dire qu'on a bien bossé, qu'on a mis la barre à minimum haut pour un début, donc ça fait plaisir. 


Tu considères tes projets dans la musique comme un « vrai travail », même si tu n’en vie pas encore complètement ?


Oui, j'en parle beaucoup en tant que travail, parce qu'il y a un côté très professionnel et parce que ça prend énormément de temps. On est multi casquettes, multi projets et il y a pas mal de de travail en profondeur sur chacun des projets. Ça prend un temps énorme, ce qui rend difficile le fait de travailler à côté et d'aller choper un job alimentaire. Et ça, ça vient du fait qu'il n'y a pas de plan B. Soit on réussit dans la musique, soit on est foutu. On est là, on est dans cette musique et on n'est pas prêt de lâcher. Mais après, à un moment il faut réussir à en vivre. Pour le moment, je suis jeune, j'ai encore la chance d’être un peu aidé par les parents. Je vis encore chez ma mère. Sans elle, il n'y aurait jamais eu de projet ! Par exemple, rien que du fait d'avoir un endroit où je peux bosser du saxo sans que des voisins me cassent les pieds et bosser jusqu'à 4 h du mat parce qu'on est dans la cave et qu'on dérange personne. Sans ça, je n'aurais sûrement pas réussi à faire un projet comme ça s'il n'y avait pas eu ces aides là. Donc ça m'aide aussi pour le moment à tenir le coup. Le fait que je sois sur multi casquettes, ça me permet aussi peut être plus facilement d'aller réussir à vivre de cette musique, d'aller peut être choper le statut intermittent du spectacle, d'aller faire des shows. Donc pour l’instant on est sur des projets que ne nous font pas manger de ouf, on ne va pas se mentir, mais sur lesquels on mise beaucoup pour le futur. C'est le plan A, clairement ! Et puis il y a un autre aspect un peu plus business pour rentrer de l'argent. Je vais jouer en boîte de nuit, je vais choper des concerts avec des projets annexes à mes trucs perso, je joue à des mariages. Cet aspect là casquettes, instrumentiste, rappeur, ça me permet un peu plus d'avoir confiance et de croire dans le fait qu'un jour on va réussir à en vivre et j'espère que ce sera plus vite possible. Surtout, il faut laisser la maman tranquille. 


Beaucoup d'artistes sollicités pour des concerts ont parfois du mal à être rémunérés. Est-ce que toi tu as du mal à parler d’argent ?


Je n’ai pas forcément du mal mais c’est un peu une zone grise. C'est vrai que c'est toujours difficile d'aborder un peu le sujet de l'argent et c'est la société française qui veut ça. Mais bon, que ce soit les bars qui sont en difficulté, les salles aussi d'ailleurs qui sont en difficulté. Donc après leur demander une certaine somme, c'est un peu difficile. Donc on va leur laisser proposer un prix. Mais ils vont peut être pas proposer un prix assez conséquent pour le travail qu'on a donné. Donc c'est toujours un peu un combat de joute. Il faut voir, des fois ça se passe vite et bien, des fois c'est un peu galère. L'argent et la musique, il y a une certaine incompréhension. Je pense que beaucoup de gens se disent bon, il a fait son concert et il a pris 200 balles. Putain, il se met bien! Pour avoir un concert de 30 minutes, j’ai bossé 10 000 heures avant, j'ai fait du saxo pendant dix ans, j'ai essayé, j'ai préparé des morceaux, j'ai répété tous ces trucs. Donc c'est c'est difficile à comptabiliser et je comprends qu'il y ait une incompréhension autour de ça pour les gens qui ne sont pas dans le milieu, forcément. Mais le problème, c'est que même les gens du milieu et des fois, ils ont du mal à être respectueux de ces aspects là et les artistes s'éclatent.

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